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Pourquoi et quand les céramiques hybrides sont un excellent choix

Pourquoi et quand les céramiques hybrides sont un excellent choix

Cas clinique réalisé par le Dr. Enzo Attanasio

Le choix du matériau de restauration est une étape cruciale de la prosthodontie. Les céramiques hybrides offrent certaines propriétés particulièrement adaptées aux différentes situations thérapeutiques, tant en présence de dents vivantes que de dents traitées par endodontie. À travers l’exemple d’un cas clinique, cet article explore les avantages liés à l’utilisation des céramiques hybrides dans un scénario de syndrome de la dent fêlée.

SITUATION INITIALE

La dent affectée dans ce cas était la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45 selon la notation de la FDI), ayant fait l’objet d’une ancienne restauration par amalgame (Fig. 1 et 2). Le patient ressentait une douleur à la mastication (en particulier au desserrage des dents). Sur le plan clinique, il y avait des lignes de fêlures horizontales et verticales. La dent était vivante et ne montrait aucun signe de pathologie pulpaire. Il a été décidé de remplacer l’amalgame et de restaurer la dent avec un overlay en céramique hybride KATANATM AVENCIATM Block. Deux raisons principales ont motivé cette décision. Premièrement, si un traitement du canal radiculaire s’avérait nécessaire à l’avenir, la céramique hybride est un matériau qui facilitera la préparation de la cavité par un accès endodontique (par rapport à un autre type de céramique), et donc la restauration ultérieure avec un matériau d’obturation composite. Deuxièmement, les céramiques hybrides offrent une plus grande résistance et des propriétés mécaniques supérieures par rapport aux matériaux d’obturation composites appliqués selon une technique de stratification incrémentale.

Fig. 1. Situation initiale : vue occlusale.

Fig. 2. Situation initiale : vue buccale.

 

PRÉPARATION ET COLLAGE IMMÉDIAT DE LA DENTINE

Afin de retirer l’amalgame et la structure dentaire environnante endommagée, la surface occlusale de la dent a été réduite d’environ 2 mm. Pour une transition de couleur homogène entre la dent et la restauration, la préparation des contours a été créée au niveau des cavités interproximales à l’aide d’un plan vestibulaire incliné (Fig. 3). Ensuite, un collage dentinaire immédiat (immediate dentin sealing, IDS) a été réalisé (Fig. 4 à 10). Cette technique comprend l’utilisation d’un adhésif universel, tel que le CLEARFILTM Universal Bond Quick, qui est appliqué sur la préparation sans mordançage préalable de l’émail périphérique. Lors d’une seconde étape, un composite fluide fortement chargé est appliqué. Dans le cas présent, le choix s’est porté sur le CLEARFIL MAJESTYTM ES Flow Super Low, appliqué en fine épaisseur de 0,5 mm. La préparation a été affinée en utilisant des instruments ultrasoniques : inserts ultrasoniques SFM7 et SFD7 (Komet Dental) pour la préparation des cavités ; SFD1F et SFM1F (Komet Dental) pour les marges et les épaulements. Les angles vifs ont été arrondis avec des disques abrasifs, puis polis à l’aide de polissoirs fins. Il est essentiel que l’épaisseur occlusale résiduelle (espace prothétique) soit de 1,5 mm, comme l’exige le matériau sélectionné.

Fig. 3. Structure dentaire préparée avant le collage immédiat de la dentine.

Fig. 4. IDS : application de l’adhésif universel.

Fig. 5. IDS : photopolymérisation de la couche adhésive.

Fig. 6. Application d’une fine couche de composite fluide sur la préparation.

Fig. 7. Préparation des contours…

Fig. 8.… arrondissage des angles vifs

Fig. 9.… et polissage de la surface collée à l’aide d’instruments spécifiques.

Fig. 10. Préparation dentaire collée, prête pour la prise d’empreintes.

 

DE LA NUMÉRISATION À L’ESSAI

Après la numérisation avec le scanner intraoral PrimescanTM (Dentsply Sirona), Daniele Rondoni (MDT) a réalisé la restauration (Fig. 11 et 12). Le processus de collage a comporté une phase d’essai initiale pour évaluer l’ajustement marginal de l’overlay et les zones de contact. Le test de l’occlusion à ce stade peut être risqué, car il peut entraîner une fracture de la restauration en cas de contact prématuré excessif. Après l’essai (lorsqu’’il est effectué sans digue en caoutchouc), la restauration peut être contaminée par du sang, de la salive ou du gel de glycérine utilisé pour l’évaluation de l’ajustement et de l’esthétique. Par conséquent, il est nécessaire de nettoyer la restauration avant de procéder aux phases de collage. L’utilisation d’un tampon de coton imbibé d’alcool est une option. Néanmoins, un agent nettoyant comme le KATANATM Cleaner est préférable, car il nettoie chimiquement la restauration et élimine les contaminants.

Fig. 11. Overlay en céramique hybride sur le modèle imprimé.

Fig. 12. Overlay isolé.

CONDITIONNEMENT DE LA DENT ET DE LA RESTAURATION

Ensuite, la restauration a été sablée (comme cela est recommandé pour la plupart des céramiques hybrides) avec de l’oxyde aluminium de 50 µm, en utilisant de l’AquaCare (Akura Medical) (Fig. 13), puis immergée dans de l’eau distillée dans un bain à ultrasons pendant 5 minutes. Pendant ce temps, une digue en caoutchouc a été placée sur la totalité du sextant, les dépôts ont été éliminés à la sableuse, comme l’intrados de l’overlay, puis un gel de mordançage à base d’acide phosphorique (Ultra Etch, Ultradent) a été appliqué sur l’émail, rincé, avant séchage de la zone (Fig. 14 à 17). La restauration propre a ensuite été conditionnée avec un silane contenant le monomère 10-MDP (CLEARFILTM Ceramic Primer Plus, Kuraray Noritake Dental Inc.) conformément aux instructions du fabricant (Fig. 18). La procédure s’est poursuivie par l’application de l’adhésif universel (CLEARFILTM Universal Bond Quick) sur l’intrados de l’overlay, la préparation et la photopolymérisation des deux sites (Fig. 19 et 20). L’un des avantages des adhésifs universels, par rapport aux systèmes adhésifs en trois étapes, est l’épaisseur de film minime, qui ne compromet pas l’ajustement de la restauration.

Il est important de protéger les dents adjacentes avec des bandelettes de matrice métallique pendant les phases de collage afin d’assurer un ajustement adéquat. Ces éléments ne posent pas de difficultés opératoires particulières, mais favorisent leur objectif : après la mise en place de la restauration, le composite ou la colle utilisé pour le positionnement sera aisément éliminé des surfaces mésiales et distales des dents adjacentes, puisqu’elles sont exemptes d’adhésif.

Fig. 13. Sablage de l’overlay…

Fig. 14. … et de la structure de la dent.

Fig. 15. Mordançage sélectif de l’émail…

Fig. 16. … suivi par un rinçage soigneux. Les dents adjacentes sont protégées par une bandelette de matrice métallique.

Fig. 17. Structure de la dent après mordançage sélectif, rinçage et séchage.

Fig. 18. Application du silane.

Fig. 19. Application de l’adhésif universel sur l’overlay.

Fig. 20. Traitement de la structure de la dent avec un adhésif universel.

 

MISE EN PLACE DÉFINITIVE

Dans le cas présent, une pâte composite chauffée (à une température de 55 °C) a été extrudée dans la restauration, qui a ensuite été mise en place en exerçant une pression lente, graduelle et forte (Fig. 21 et 22). Le composite en excès a été retiré à l’aide d’un détartreur dans les zones buccales et linguales, puis d’un fil dentaire (p. ex. SuperFloss®, Oral-B) dans les zones interproximales. Plusieurs phases de pressurisation ont été exécutées jusqu’à ce qu’il ne soit plus observé de composite au niveau de l’interface dent-restauration.

Fig. 21. Pâte composite chauffée, utilisée pour la mise en place définitive.

Fig. 22. Restauration isolée par une digue en caoutchouc.

Ensuite, le composite a été polymérisé pendant 30 secondes à partir des faces buccales et linguales avec deux photopolymérisations, avant d’appliquer le gel de glycérine sur les bords et de polymériser à partir de la face occlusale pendant une minute supplémentaire (Fig. 23). Si une attention particulière est portée à l’élimination de tout composite en excès lors des phases de mise en place, les étapes de finition ultérieures sont alors rapides et faciles (Fig. 24 à 27). La finition et le polissage des zones interproximales ont été effectués avec une pièce à main EVA et des bandes abrasives de finition 3MTM Sof-LexTM (3M). Pour la finition des zones buccales et linguales, une fraise de grain moyen en forme de flamme (diamètre 14/16) a été utilisée. Enfin, les bords doivent être polis à l’aide de polissoirs pour composites, tels que le TWISTTM DIA pour composites (Kuraray Noritake Dental Inc.). Après la fin de l’anesthésie locale, il est nécessaire d’observer l’interruption des symptômes douloureux, ce qui a été fait. Le résultat du traitement est présenté sur les Figures 28 et 29.

Fig. 23. Photopolymérisation à travers une couche de gel de glycérine bloquant l’oxygène.

Fig. 24. Finition des bords buccaux et linguaux avec une fraise à grain moyen en forme de flamme.

Fig. 25. Finition des zones interproximales avec une pièce à main EVA (grain fin).

Fig. 26. Vérification des contacts occlusaux.

Fig. 27. Polissage occlusal.

SITUATION FINALE

Fig. 28. Résultat du traitement – vue buccale.

Fig. 29. Résultat du traitement – vue occlusale.

 

CONCLUSION

Pour les dents postérieures restaurées avec un amalgame et présentant un niveau significatif de détérioration, le remplacement de la restauration par un overlay en céramique hybride peut être un excellent choix. Les propriétés mécaniques de ce matériau sont généralement supérieures à celles des composites stratifiés, le traitement est possible au fauteuil ou en laboratoire et comparativement rapide (pas de cuisson nécessaire), tout en permettant une procédure de mise en place clinique similaire à celle des vitrocéramiques – avec toutefois une différence notable, un sablage plutôt qu’un mordançage de l’intrados de la restauration. L’un des principaux avantages des céramiques hybrides par rapport aux vitrocéramiques reste cependant la capacité de modifier la restauration selon les besoins. Les cavités d’accès endodontiques sont facilement préparées et fermées avec le composite, les points de contact sont rapidement ajustés et la surface est polie ou repolie en très peu de temps. En outre, la résistance à l’usure est similaire à celle de la structure des dents, et les patients sont très satisfaits du toucher et de la sensation naturels. Les propriétés esthétiques sont également impressionnantes.

Chirurgien-dentiste :

ENZO ATTANASIO

Enzo Attanasio a obtenu son diplôme de dentiste et de prothésiste dentaire en 2008 à l’Université Magna Graecia de Catanzaro. En 2009, il s’est spécialisé dans l’utilisation du laser et des nouvelles technologies dans le traitement des tissus buccaux et péribuccaux à l’Université de Florence. Cette année-là, il a également suivi les cours d’endodontie clinique du Professeur Arnaldo Castelluchi au Centre de formation en microendodontie à Florence où, en 2012, il a parachevé sa formation en microendodontie chirurgicale. En 2017, il a suivi les cours sur les restaurations adhésives directes et indirectes du Professeur Ricardo Becciani au Centre de formation Think Adhesive à Florence, où il est ensuite lui-même devenu tuteur. Aujourd’hui, en tant que membre de l’AIC (Académie Internationale de la Céramique) en Italie et installé à Lamesia Terme, le Dr Attanasio s’intéresse tout particulièrement à l’endodontie et à l’esthétique conservatrice.

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